Un spectacle danse & céramique ?!!
Par Giom
Depuis de longs mois, un projet prend forme dans les têtes et dans les corps. Une rencontre entre Ximena, danseuse chorégraphe, et Giom, potier-céramiste, qui débouche sur une envie de travailler ensemble. Un spectacle mêlant danse contemporaine et céramique est né. On vous dit tout par ici !
Un projet de doux rêveurs, né d’envies croisées !
Si vous suivez mon travail sur ce blog et sur ce site, ou alors sur Instagram ou Facebook, vous savez que j’interviens régulièrement pour des ateliers ou des projets sur mesure, à Mulhouse et dans les environs.
A force de se croiser de manière occasionnelle sur des projets parallèles, par exemple lors de nos interventions en milieu carcéral, ou à force d’entendre parler de la Compagnie Estro par des relations communes, j’ai eu l’idée, à l’été 2023, de proposer à Ximena, de travailler ensemble sans savoir pourquoi ni comment. Quasi-immédiatement, mon auto-censure a joué son rôle sans pitié : que pourraient bien faire ensemble un potier et une danseuse… et cette idée est restée dans un coin de ma tête. Quelques semaines plus tard, pourtant, en septembre 2023, l’idée a refait surface… mais portée cette fois par Ximena qui m’a proposé de nous rencontrer parce qu’elle avait envie de travailler avec moi, sans savoir sur quoi ça pouvait déboucher ! Alors nous avons commencé à discuter de nos envies communes autour d’un verre. Qui pouvait se douter que cet apéro déboucherait sur un projet fou ?

Ximena Zalazar-Firpo, c’est d’abord la co-directrice de la Compagnie Estro, compagnie de danse professionnelle basée à Mulhouse et qui intervient dans toute la France et à l’étranger. D’origine argentine et italienne, elle commence sa carrière de danseuse à Buenos Aires puis au Ballet National de Cuba avant de s’installer en Europe. Si elle a une maitrise de danse contemporaine ou classique, le Tango argentin est profondément ancré dans son coeur et reste au centre de ses interrogations artistiques. C’est lui qui la relie à son enfance et sa famille ; c’est aussi le tango argentin constitue pour elle une source fertile de création, d’épanouissement et de joie.
Lors de nos discussions, nous avons rapidement souhaité associer Willem Meul, danseur et chorégraphe avec lequel Ximena avait créé la Compagnie Estro en 2011. D’une envie à deux, l’idée est devenue un projet à trois !

Première étape : se réunir et explorer !
Juin 2024 : nous avons donc passé une semaine en résidence pour explorer tous les trois ce que nous avions en tête… et voir si quelque chose valait la peine d’être présenté à un public !
Après plusieurs mois de rencontres pour défricher nos envies, échanger autour de nos pratiques, de nos sensibilités, de nos parcours, de nos valeurs et des combats que nous portions, le temps était venu de s’enfermer dans un salle et d’essayer. Cette semaine d’improvisation, d’exploration, de discussion et de jeux, que nous avions appelée « Semaine Bac à sable », nous a permis de nous découvrir dans le travail, de nous rencontrer, et de confirmer nos envies croisées.
Une semaine pour tester, une semaine pour oser, une semaine pour découvrir et se découvrir ! Mais surtout une semaine pour confirmer que notre intuition pouvait déboucher sur quelque chose d’intéressant et d’original.
En route pour la création…
Nous avons donc pris le temps de nous voir régulièrement pour travailler, proposer, imaginer, partager des envies, s’inspirer et esquisser des pistes.
Rapidement, nous nous sommes arrêtés sur l’idée d’un spectacle, qui pourrait prendre différentes formes pour pouvoir être présenté dans des lieux variés pas nécessairement dédiés au spectacle vivant à l’origine : centres d’art contemporain, galeries d’art, marchés de créateurices, festivals, lieux non-conventionnels. Nous avons fait le pari de travailler sur le contenu sans arrêter la forme, ni la durée par exemple. D’abord et toujours ce qui pouvait naitre de nos envies et avoir du sens par rapport au propos que nous souhaitions porter.
Notre point de démarrage, d’ancrage et de convergence a été le vocabulaire commun entre la poterie et la danse. Autour de la matière de l’argile et des corps. Par la question de l’équilibre et du centrage. Avec l’importance du rapport à soi et aux autres.
Opportunité dans notre parcours de création, le Séchoir, Centre d’art contemporain à Mulhouse, organisait à l’Automne 2024, une exposition intituée Art/Corps déclinée autour de performances ! Nous avons sauté sur l’occasion pour proposer notre projet, et ce fut notre première présentation du public.
Une chance pour le projet, qui a pu bénéficier de premiers retours qui sont venus enrichir notre création.
Un spectacle prend forme !
Au fur et à mesure que nous avançons dans l’écriture, le projet s’affine et se précise. Les contours du spectacle commencent à apparaitre et notre envie se transforme en gestes et en mots, pour parler de notre projet.
Être centré et ancré dans le sol pour pouvoir développer ses mouvements.
Tourner, transformer et se transformer, dans un dialogue empreint de sensualité.
Répéter, essayer, tomber, se relever, échouer et persévérer.
Maîtriser un geste technique qui aura l’insolence de sembler être d’une apparente simplicité.
Modeler la matière, dans une conversation vivante dont on accepte qu’elle nous modèle en retour.
Oser faire face à l’équilibre fragile de ses émotions, avec patience et humilité.
De ce vocabulaire commun, à la rencontre de deux territoires artistiques pourtant très éloignés – la danse et la poterie céramique –, est né un projet hybride. L’argile des corps devient matière à créer. La danse concentrée du potier au tour devient transe partagée des danseurs autour. Les rythmes croisés se mêlent, se répondent et s’influencent comme autant d’impulsions de vie face à des matériaux – de corps et d’argile –. Les bruits, les souffles, les contacts et les frottements cadencent ce dialogue improbable, à la découverte d’un territoire commun qui se construit progressivement.
Les corps revendiquent une place assumée, tantôt outils pour former et déformer la matière, tantôt matières à façonner. Ces allers-retours incessants, aux limites poreuses, engendrent une danse brute et sensible, dont les superpositions de mouvements oscillent sans cesse entre contrôle et spontanéité. On y retrouve la puissance des émotions propres à la création, celle qui vient des tripes pour oser prendre forme et s’offrir au regard. On y retrouve la fragilité des assemblages, ceux qu’on projette avant de les confronter à la réalité.
Au-delà du prétexte que constitue cette confrontation de deux disciplines, cette pièce dansée s’attache à construire un nouveau regard sur ce qui nous entoure. Par la confrontation, la décomposition, l’accélération ou la répétition, c’est une redécouverte qui est suggérée, pour réapprendre à regarder et rééduquer le regard au sensible.

Rendez-vous à Guebwiller les 3 et 4 mai 2025
Prochaine étape de notre processus créatif : le spectacle sera présenté pour la première fois dans un format “théâtre de rue” lors de la Biennale de la Céramique de Guebwiller, organisée par l’association Prochain Arrêt La Terre.
Pendant 2 jours, le collectif professionnel Prochain Arrêt La Terre propose un festival joyeux et convivial qui explore toutes les dimensions de la terre ! Marché de potiers, parcours sculpture, conférences, médiations, ateliers participatifs, démonstration de cuisson d’un four cabane en torchis et terre crue… ils seront près de 60 professionnels de la céramique, venus de toute la France et de l’étranger, pour partager leur savoir-faire et présenter leurs créations.
Entièrement gratuite, cette Biennale de la Céramique de Guebwiller, événement unique en Alsace, se prépare à accueillir plus de 4000 personnes tout au long du week-end des 3 et 4 mai 2025. Une belle opportunité pour nous de pouvoir y présenter notre spectacle, au cœur d’une programmation qui fait la part belle au geste, au corps et à la terre.
Pour retrouver toutes les informations sur le programme, c’est par ici !
