L’Abécédaire de la Poterie – partie 2

L'Abécédaire de la Poterie - Partie 2

Par Sandrine et Giom

Chaque domaine a son propre vocabulaire. La céramique ne déroge pas à la règle. Petit florilège des quésaco et autres mots énigmatiques pour néophyte !

Allez, c’est reparti pour la suite de notre abécédaire et pour ceux qui auraient loupé la première partie, il vous suffit de cliquer ici pour y jeter un œil 😊

Alors Giom, avec quoi on continue ?

Minerai : un minerai est une roche naturelle contenant des minéraux ou des substances utiles à l’homme.

Un minéral (des minéraux) : de l’adjectif “minéral” qui renvoie au monde souterrain, minier. Est essentiellement une substance chimique formée par un processus géologique. Par exemple, le diamant, la manganite, le gypse, la turquoise, le quartz, le zircon, la topaze, les micas… sont des minéraux.

Modelage : c’est un terme générique qui désigne les techniques employées pour façonner la terre. Il en existe plusieurs mais, souvent, quand on parle de modelage, on désigne spécifiquement les techniques qui ne nécessitent pas d’outil complexe : le bloc d’argile est modelé ou creusé avec les mains, par colombins, par plaque (l’argile est aplatie à l’aide d’un rouleau par exemple).

Nucléation (émail à) : c’est un émail à la composition particulière qui permet d’obtenir des effets complexes assez reconnaissables et remarquables dans le même esprit que les émaux de cristallisation.

Nucleation
Exemple d'un émail avec son joli dégradé de vert et ses nucléations blanches

Oxydes métalliques : les oxydes métalliques (l’oxyde de cuivre, le dioxyde d’étain, le dioxyde de titane, l’oxyde de zinc par exemple) sont utilisés pour la coloration de l’émail. Leur combinaison permet un large éventail de couleurs.

Pâte : c’est un mélange de terres composites, prêt à l’emploi, qui donne à l’ensemble des propriétés spécifiques : texture, couleurs, plasticité. Une pâte peut être un assemblage d’argiles naturelles ou une composition faite à partir de farines de minéraux en laboratoire.

Pigment : les pigments servent à apporter la couleur aux pièces en céramique. Ils sont de composition minérale, de type oxydes métalliques notamment, et doivent être résistants aux températures de cuisson élevées.

Pincé : c’est une des techniques employées pour façonner la terre et qui rentre dans la catégorie “Modelage” (cf le terme plus haut). L’argile est creusée et pincée avec les mains.

Plaque (travail à la plaque) : encore une technique de modelage ! Cette fois-ci, on abaisse l’argile à l’aide d’un rouleau.

Porcelaine : fine et translucide, la porcelaine se mérite : l’atelier, les outils doivent être propres et exempts d’autres terres résiduelles pour ne pas entacher sa blancheur (gros défi !). Elle est également plus délicate à travailler. La porcelaine ne se trouve pas à l’état naturel. Elle est principalement composée d’un mélange de minéraux (quartz, feldspath), de kaolin (argile blanche) et de ball clay (roche constituée de kaolinite, mica et quartz) pour apporter de la souplesse à la pâte.

Délicate porcelaine travaillée à la plaque pour réaliser les fêves du cinquantenaire de la Tour de l'Europe. Dessin par Adèle Barbier.

Porosité : eh bien, dans la plupart des cas, nous sommes bien contents que nos pièces ne le soient pas, poreuses ! Imaginez une tasse, un vase ou une théière fuyants ! C’est donc un critère très important qui se résout en adaptant la température de cuisson. Cependant, il y a un cas où c’est une nécessité de garder la terre poreuse, c’est pour les ollas : ce petit bijou de technologie datant de plus de 4 000 ans et qui permet à l’eau de s’infiltrer petit à petit dans la terre en fonction des besoins des plantes ! Nous avions consacré un article à ce sujet si jamais vous souhaitez pousser plus loin votre curiosité ! Il faut donc jouer avec la température pour que la terre de l’olla ne se ferme pas (qu’elle reste donc poreuse) mais, en même temps, qu’elle soit bien solide… Paraît que c’est un métier 😉

Poterie : poterie vs céramique ? Devrait-on donc hiérarchiser, différencier cet art du feu ? Que nous dit Le Larousse à ce sujet ? “Poterie : 1. Fabrication de vases, de plats, de cruches, d’ustensiles divers de grès, de terre à cuire. 2. Objets en terre cuite. Céramique : 1. Art de fabriquer les poteries, fondé sur la propriété des argiles de donner avec l’eau une pâte plastique, facile à façonner, devenant dure, solide et inaltérable après cuisson. 2. La poterie elle-même.” 🤨 Bon, Giom a tranché, lui est potier-céramiste ! 😂

Potier : sorte de magicien qui fait naître d’une boule de terre des choses fort pratiques et/ou fort jolies.

Raku : technique de cuisson d’origine japonaise, initialement liée à la cérémonie du thé, qui se distingue par une cuisson rapide à basse température (environ 1000°), accompagnée d’un choc thermique important. L’émail craquelé et les sillons noirs obtenus par l’enfumage des pièces sont typiques de cette technique.

Illustration (réussie) de la technique de raku par la céramiste Sophie Raspaud à admirer à la boutique L'Artichaut, boutique de créateurs à Mulhouse

Retrait : petite subtilité de la terre qui se rétracte lors des opérations de séchage et de cuisson… gare aux surprises ! Le retrait dépend de l’argile utilisée, mais se situe souvent entre 10 et 20%.

Séchage : étape primordiale de la céramique, qu’on oublie souvent puisqu’on a l’impression que le potier “ne fait rien” ! Pourtant, le temps de séchage est primordial et doit respecter quelques règles : être progressif pour éviter les fissures, être régulier (il faut donc souvent tourner et retourner la pièce plusieurs fois), être suffisamment long (on compte généralement 10 jours minimum pour qu’une pièce soit suffisamment sèche pour passer en première cuisson… mais ceci peut aller jusqu’à plusieurs semaines pour des sculptures complexes et très spécifiques).

Société Française de Céramique : c’est une association reconnue d’utilité publique et qui mène des travaux d’analyses, d’expertise et de recherches dans plusieurs domaines d’activités dont la céramique. Les pièces de Giom Von Birgitta, par exemple, sont envoyées à cet organisme pour être analysées et reconnues aptes au contact alimentaire, selon les normes et directives européennes.

Température : on classe généralement la température de cuisson en deux segments. La basse température autour de 1 000°C et la haute température supérieure à 1 200°C. Giom privilégie une cuisson à 1 260°C. Bon compromis, à la fois pour que la pièce gagne en solidité et, à la fois pour accéder à des jeux d’émaux que seule la haute température permet (eh oui, Giom est joueur).

Terre : terme générique qui désigne, entre autres, la matière qui recouvre la couche superficielle de la planète… Terre ! Il existe donc plusieurs sortes de terre en fonction de leur composition : par simplicité, les potiers parlent souvent de “terre” pour désigner l’argile qui est la matière première de leur travail.

Terre vernissée : est une argile rouge, souvent recouverte d’engobe blanche pour masquer la couleur de la terre. La pièce peut être ensuite décorée puis émaillée avec un émail transparent. Les deux cuissons (après engobe et décor et après émaillage) sont réalisées autour de 1 000°C.

Différentes sortes de terre (grès de Dordogne en rouge, grès de Saint-Amand-en-Puisaye en noir, Porcelaine de Limoges...) et leur mascotte

Tournage : technique pour façonner la terre, à la main et à l’aide d’un tour. Cela permet d’obtenir des pièces régulières et de travailler plus finement (le fameux “tourner fin” 😉). A condition de bien maîtriser l’outil… le tour est assez exigeant.

Tournassage : étape qui suit le tournage après un petit temps de séchage, quand la pièce atteint la consistance “cuir”. La pièce est reprise, débarrassée de ses petites imperfections, fignolée sur les bords, signée et prête pour un petit tour dans le four après un nouveau temps de séchage.

Transfert haute température : technique employée pour décorer des céramiques. Prenons le cas des boucles d’oreilles Eugénie Von Birgitta, par exemple, fruits d’une collaboration entre Giom Von Birgitta et Eugénie Design, tous deux installés dans la résidence d’artistes Motoco en Alsace. Les dessins ornant les boucles d’oreilles ont été réalisés à la main, puis imprimés sur des supports papiers spécifiques qui permettent une application directement sur les boucles en Porcelaine de Limoges après la seconde cuisson à haute température. Cette technique, moins coûteuse que le décor à la main sur céramique, est utilisée pour poser des décors précis sur des assiettes en Porcelaine par exemple. Au final, il faut donc 3 cuissons : la première pour le biscuit (980°C), la deuxième pour solidifier la pièce (1 280°C) et la dernière cuisson, dite de troisième feu, pour fixer le motif (850°C).

 

Déclinaison de boucles d'oreilles Eugénie Von Birgitta

Nous espérons que ce petit glossaire aura répondu à certaines de vos questions et s’il vous en reste,  envoyez-nous un petit mail ou mieux, venez nous rencontrer, nous nous ferons un plaisir de vous répondre !

Les assiettes assorties... pour que chacun puisse choisir sa couleur ! Une ou plusieurs couleurs, à vous de choisir.
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