Par Sandrine
Un peu de technique
Tout commence par un objet un peu mythique qui permet de déguster 1001 sortes de délicieux breuvages aux formes et saveurs infinis…
A leur vue dans l’atelier de Giom, j’avais décidé de rester stoïque car, il faut bien le reconnaître, des théières, j’en ai déjà quelques-unes…. C’est en assistant à leur fabrication que j’ai eu un véritable coup de cœur pour leur histoire…
Les différents éléments et étapes
D’abord, il y a la matière, ce grès de Saint-Amand-en-Puisaye, commune située dans le département de la Nièvre en région Bourgogne-Franche-Comté et réputée pour sa terre.
Arrivée en Alsace, place au travail de l’artisan ! Une première étape somme toute assez classique pour un potier : une boule de terre propulsée au centre de la girelle (la plaque tournante du tour…) pour former le corps. Il faut compter environ 1,5 kg de terre pour une théière : les gestes doivent être d’une précision chirurgicale car sur un tour de potier, pas facile de maîtriser cette quantité d’argile pour obtenir une forme homogène ! Je ne dirais pas que toutes les formes sont permises mais presque !
Après le corps, le couvercle. Le défi ? Qu’il s’ajuste parfaitement au col de la théière ! Pour cela, il faut prendre les mesures précises du col et tourner le couvercle le même jour que la théière pour que l’emboîtage soit optimal. La terre doit être de même consistance pour réagir de manière identique : elle perdra environ 1/4 de son poids de départ entre le séchage et la cuisson…
L’imagination débordante de Giom…
Puis, pendant que le corps et le couvercle sèchent, c’est au tour du bec de la théière d’être façonné au tour.
Pour donner la forme définitive voulue au corps de la théière et s’assurer que le fond est bien plat, le dessous de la théière en céramique est taillé à l’aide d’un couteau à argile, cela s’appelle le tournassage. Chaque théière aura ainsi une forme légèrement différente. C’est aussi le moment pour le potier de signer sa pièce !
Astucieux le perçage de la théière pour intégrer un filtre à l’endroit où le filtre sera placé ! La taille et le nombre de trous détermineront la qualité de la filtration.
Dernier élément à être assemblé, la poignée. Elle peut être en céramique, mais aussi en bois, bambou, laiton… nouvelle séance de création…
Le joint autour de la poignée, tout comme autour du bec, laisse souvent de petites traces d’outil, signe distinctif d’une théière faite à la main.
Pause, la théière sèche… pas trop vite, pas trop lentement non plus… tout un art…
Une fois sèche, la théière en terre crue va être cuite une première fois à environ 900°C. La théière en faïence après cette première cuisson sera appelée le biscuit, alors qu’une théière en grès et porcelaine s’appelle le dégourdi.
Vient le moment d’émailler notre théière avec cet émail saturé en oxydes métalliques qui confère à toute la Collection Bronze, ces beaux reflets cuivrés et qui trompe un peu son monde quant à sa matière : terre vraiment ? ou métal ?
La cuisson finale se fait à haute température, à 1260°C, ce qui rend la théière imperméable. La pose d’une couche d’émail sur une théière en grès ou en porcelaine a donc surtout un objectif décoratif !
A chaque étape, il existe un risque réel de perdre la pièce. La 2e cuisson n’échappe pas à la règle…
La sortie du four est toujours en grand moment pour le potier. Une bulle d’air résiduelle aura-t-elle cassé une théière ? Comment auront réagi les émaux lors de la cuisson ?
J’ai adoré voir Giom créer les théières en choisissant le corps, le bec et la poignée pour chacune d’entre elles. Et aussi, sa façon à lui de leur donner une personnalité : je pense que je me suis autant amusée que lui !
Au final, j’ai craqué pour celle-ci 😉