Par Sandrine
Un peu de technique
Je vais vous parler aujourd'hui d'un objet que je trouve tout simplement fascinant : l'olla (prononcer "oya")...
Il s’agit là d’une jarre en terre cuite fermée par un couvercle. Enfouie dans le sol du potager, dans un pot, ou encore dans une jardinière, cette petite merveille est un véritable concentré de technologie en matière d’arrosage ! On en entend de plus en plus parler mais il faut savoir qu’il ne s’agit pas d’une découverte très récente puisque le principe date d’environ 4 000 ans… !
Sans trop commettre de digression et en souhaitant rester humble par rapport à mes compétences, tant le sujet est vaste et largement abordé dans les médias spécialisés, voici quelques-unes des principales caractéristiques de l’olla.
La jarre, qui est en forme de toupie pour les pots et jardinières, est donc enterrée à proximité des plantations, seuls quelques centimètres dépassent afin de pouvoir la remplir d’eau. Il existe différentes tailles d’ollas en fonction de la quantité et de la nature des plantes, cela débute aux alentours de 0,3 l et peut atteindre 10 l. Le couvercle permet de limiter l’évaporation, d’éviter que des animaux de très petite taille ne se noient et de transformer l’engin à couveuse à moustiques. L’olla étant poreuse, les plantes bénéficient ainsi d’une réserve d’eau diffusée par capillarité directement auprès de leurs racines. Certaines plantes vont même y coller leurs racines tant elles apprécient. Finies l’évaporation de l’eau et la douche des feuilles lors de l’arrosage par le sol ! De plus, cela permet d’offrir une humidité constante sans passer par la case noyade puis sécheresse. Cette réserve d’eau se révèle aussi pratique pour réduire le nombre d’arrosages ou en cas d’absences. Enfin, c’est un produit durable qui ne nécessite pas d’entretien hormis de le mettre au sec en hiver. On l’aura compris, l’olla est écologique et économique en eau et en efforts !
Mais comment le potier arrive-t-il à donner ces propriétés à l’olla ?
Prenons l’exemple, d’une olla de 40 cm de long, d’un diamètre de 15-20 cm, pouvant contenir 5 l. Un tel modèle est parfait pour irriguer 4 pieds de tomates. Après plusieurs tests et recherches, Giom fait le choix d’un grès brun de Dordogne, pour ses qualités de résistance entre autres. Et voilà notre boule de terre d’environ 5 kg prête sur la girelle du tour à être toute à la fois domptée, contenue et modelée : les gestes doivent être d’une précision chirurgicale car sur un tour de potier, pas facile de maîtriser cette quantité d’argile pour obtenir une forme homogène !
Il est temps de créer le couvercle. Encore une étape délicate !
Pour cela, il faut prendre les mesures précises du col et tourner le couvercle le même jour que l’olla pour que l’emboîtage soit optimal. La terre doit être de même consistance pour réagir de manière identique…. Ce que j’adore, c’est la touche créative du potier qui laisse libre cours à son inspiration quant aux formes multiples que peut prendre la poignée du couvercle. Celle que je préfère sans conteste, c’est celle qui représente un ver de terre !
Séances de séchage… Il n’y a pas de règle en matière de séchage tant sont nombreux les facteurs qui interviennent : pièce dédiée ou pas, ventilation, température, hygrométrie… C’est le potier qui voit quand la pièce est prête pour l’étape suivante et pas question de se louper sinon le travail est perdu !… Donc une première séance de séchage pour que la pièce atteigne la consistance “cuir”, ce qui permet les derniers fignolages et de signer la pièce. Puis reséchage et enfin, direction le four !
On va revenir un peu en arrière.
Car la poterie est un art très technique… car avant de mettre aussi allègrement l’olla dans le four, il en aura fallu des tests pour définir la température et la durée de cuisson de ce grès de Dordogne… le moment précis auquel la terre est cuite et solide mais ne se “ferme” pas, c’est-à-dire qu’elle reste poreuse. Après avoir déterminé sa courbe de température, notre olla sera cuite à 1200° (température maximale qui sera atteinte lors de la cuisson) et passera 20 heures au total dans le four !
Après cuisson, le couvercle de l’olla peut être revêtu de cet émail à la couleur si particulière, oscillant entre le bleu et vert de la Collection Port-Anna. Une nouvelle cuisson après l’application de l’émail sera alors nécessaire. J’ai préféré, pour ma commande, la garder telle quelle, en terre brute.
Et voilà mon olla fabriquée en Alsace est prête, il n’y a plus qu’à la planter